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2018, année de l’optimisme ?

La couleur à la mode pour démarrer l’année sera-t-elle le morose ? Les médias n’ont de cesse de nous le dire : l’investissement n’est pas au rendez-vous, les petites entreprises sont à la peine, les syndicats protestent, la croissance frétille, les chiffres du chômage font du yoyo mais les lendemains économiques qui chantent nous sont promis pour bientôt…

Et pourtant. Les bourses mondiales terminent l’année sur des chiffres de hausses qu’aucun spécialiste n’aurait prédits. Si pour certains cet état de fait ne fait que soutenir l’interrogation de Bertolt Brecht ; « Qu’est-ce qui est le plus dangereux pour l’espèce humaine : braquer une banque, ou en ouvrir une ? » ; il y en aura d’autres qui y verront quelques raisons d’espérer. Surtout au moment de passer à la caisse. Or, si nombre de nos compatriotes n’ont pas le moral c’est bien qu’ils n’ont pas de raisons suffisantes d’avoir de l’espoir. Il semble que le phénomène ne soit ni ponctuel ni localisé ; des enquêtes à l’échelle de l’Europe et du monde le disent : les français sont champions hors catégorie lorsqu’il s’agit de broyer du noir. Nous voilà embarqués dans un « ça ne va pas » récurrent, symptôme d’un futur qui aurait perdu son pouvoir d’attraction. Du reste les phénomènes régressifs, les discours passéistes vantant gloire et puissance d’un passé mythifié se portent bien dans les urnes en France et ailleurs. Le discours identitaire en étant la figure émergée. Les baromètres de mesure du moral collectif, de confiance en l’avenir et en l’économie ne nous disent au fond qu’une seule vérité : la prégnance de la subjectivité humaine. Toute activité est activité humaine qui est à ce titre soumise aux processus qui régissent la vie psychique de l’être humain. Parmi ces activités humaines, l’économie. Elle est devenue au fil du temps la mesure étalon de notre moral collectif. Depuis, la finance a pris les commandes et cette dernière n’en reste pas moins une activité humaine. Les mathématiques, les statistiques et l’ensemble de l’appareillage scientifique dont la finance se pare dans un souci constant d’objectivité et de rationalité ne changent rien à ceci : elle ne peut se soustraire à la façon dont on imagine le futur, elle ne peut se soustraire aux processus psychiques. N’y aurait-il donc pas là quelques clés pour penser les choses autrement ? Les poètes ont toujours quelque chose à nous faire entendre : « Le futur n’est pas le résultat de choix parmi différents chemins offerts par le présent, mais un endroit créé d’abord dans l’esprit et la volonté, créé ensuite dans l’activité. Le futur n’est pas un endroit où nous nous rendons, mais un endroit que nous créons. Les chemins ne sont pas à trouver, mais à tracer ; et l’activité pour les réaliser change à la fois celui qui les fait et la destination… », John Schaar. De quoi avoir des raisons d’espérer en somme…

Éditorial de Philippe Bigot
janvier 2018