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Treize ans de plus…

Les études de l’INSEE sont à la société ce que le thermomètre est à la température. Les démarches scientifiques déployées ne laissent guère de place à la remise en question des constats que ces études soulèvent.

Dans son dernier rapport sur « l’espérance de vie par niveau de vie », le prestigieux institut semble enfoncer une porte ouverte : les personnes pauvres vivent moins longtemps que les personnes riches.

Une évidence statistique bien connue qui nous ferait presque oublier que derrière les chiffres et les mesures, des existences humaines sont pointées. Au-delà de l’évidence bien connue sur l’espérance de vie entre riches et pauvres, le vertige est donné par les écarts : les 5 % d’hommes les plus riches vivent 13 ans de plus que les 5 % les plus pauvres. La relativité contenue dans l’expression « vivant plus vieux » a une forme concrète, chiffrée, mesurable : 13 ans. Les statisticiens de l’INSEE étant des professionnels consciencieux, ils sont allés plus loin encore dans leurs analyses. Ainsi, pour un homme gagnant 1000€ par mois, 100€ de plus autorisent un gain d’espérance de vie de 0,9 an. La richesse et finesse des analyses mettent en évidence une autre réalité : le gain d’espérance de vie va decrescendo selon que le revenu mensuel augmente. Ainsi, pour 2000€, le gain n’atteint que 0,3 an ; pour 2500€ ce gain n’est plus que de 0,2 an ; et disparaît littéralement pour les plus riches. Un petit pas de côté permet rapidement de passer des statistiques à la morale. Il est un fait que la suppression de l’ISF ne fera pas vivre plus longtemps ceux qui y étaient assujettis, alors qu’une faible augmentation des revenus des plus pauvres leur permettrait quelques mois de plus avec leurs proches. Le choix de la vie comme choix de société, une utopie à l’ère de la modernité.

Éditorial de Philippe Bigot
mars 2018