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Psychologisation du management : attention danger...

S’agissant du management, les effets de mode et de marketing ne manquent pas : le « manager est un psy » quand ce n’est pas le « manager-coach ». La littérature sur le management s’enivre d’un psychologisme qui n’est pas sans entraîner le manager sur des pentes, certes enneigées, mais parfaitement hors pistes…

Le premier danger de ce hors piste managérial est la psychologisation des rapports sociaux, ici, managériaux dans les organisations. Le personnel, le développement de la personne, l’intime ne peuvent être dans le champ d’action des managers. En étant invité à prendre un rôle qui ne peut être le sien, le management prend le risque de s’installer dans une illusion qui ne manquerait pas d’être récupérée par les tendances à « la toute puissance », l’apprenti sorcier de Disney ne berçant pas uniquement nos enfances…

Le second danger de cette psychologisation est que le management passe à côté de sa raison d’être : organiser et réguler les rapports sociaux dans l’organisation à partir du pouvoir délimité que celle-ci lui confère.

Le troisième danger est la distorsion qui s’installe dans les relations managériales par la confusion des genres et des espaces de l’intime et « de l’être » au professionnel. Les cas où les managers sont allez loin dans l’écoute de l’intimité de certains collaborateurs ne sont pas rares, il devient alors impossible d’avoir la bonne distance pour tenir la fonction vis-à-vis de ces collaborateurs : ils ne peuvent plus les manager.

Le quatrième danger de la psychologisation est de culpabiliser des managers qui veulent manager ! On ne manque pas de rencontrer des managers qui bien qu’au clair sur leur mission se posent des dilemmes et des questions « psy » avant ou après avoir posé un acte de management pourtant plein de bon sens…

Que le manager fasse preuve d’ouverture, d’écoute et de respect des personnes est bien évident, cela n’en fait pas pour autant « un psy » ou un confident. Accepter et respecter les limites de sa mission et de ses interventions ne serait-il pas la meilleure façon de remplir sa fonction ? Managers, gardez vous bien du sort réservé par les sirènes du management…

Éditorial de Philippe Bigot
mars 2005