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Vive la morosité...
La couleur à la mode pour la nouvelle rentrée sera le morose ! Les médias n’ont de cesse de nous le dire : les investisseurs n’investissent pas, les actionnaires se méfient, les syndicats grognent, le PIB hexagonal est parmi les plus faibles du continent, les entreprises broient du noir. En résumé, tout va mal, les français n’ont pas le moral. A se demander si nous sommes pas en train de développer une nouvelle norme : la plainte collective. Un « ça ne va pas » récurrent, symptôme d’un futur qui aurait perdu son pouvoir d’attraction. Du reste les phénomènes régressifs, les discours passéistes et les vieilles lunes des lendemains qui chantent se portent, eux, très bien ! Les baromètres de mesure du moral collectif, de confiance en l’avenir et en l’économie ne nous disent finalement qu’une seule vérité : la prégnance de la subjectivité humaine. Toute activité est activité humaine, à ce titre, celle-ci est soumise aux processus qui organisent et régissent la vie psychique de l’être humain. Parmi ces activités humaines, l’économie devenue mesure étalon de notre moral collectif, n’échappe pas à ces processus. Les mathématiques, les statistiques et l’ensemble de l’appareillage scientifique dont l’économie se pare dans un souci constant d’objectivité et de rationalité ne changent rien à ceci : elle ne peut se soustraire à la façon dont on imagine le futur, elle ne peut se soustraire aux processus psychique. N’y aurait-il donc pas là quelques clés pour penser les choses autrement ? Et si le poète avait quelque chose à nous faire entendre ? : « …le futur n’est pas le résultat de choix parmi différents chemins offerts par le présent, mais un endroit créé d’abord dans l’esprit et la volonté, créé ensuite dans l’activité. Le futur n’est pas un endroit où nous nous rendons, mais un endroit que nous créons. Les chemins ne sont pas à trouver, mais à tracer ; et l’activité pour les réaliser change à la fois celui qui les fait et la destination… ».
John Schaar. De quoi fabriquer quelques clés en somme…
septembre 2005