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Le management et ses artifices…

A propos du management, effets de mode et marketing sont aux avants postes. Rien ne manque, le manager est tantôt « psy », tantôt coach, tantôt porteur… La littérature sur le management fait toujours plus de promesses qui n’engagent que ceux qui les croient et s’enivre de psychologie au point d’être largement englué dans une psychologisation entraînant les managers et leurs équipes sur des pentes glissantes…

Une forme de glissement est celle de la psychologisation des rapports sociaux, ici, de la relation managériale dans les organisations. Cette psychologisation peut prendre des formes diverses : formation des managers à des « outils » permettant d’identifier et de classer des comportements, des types de personnalité… Catégorisation et jugement de valeur ne sont alors jamais très loin. La psychologisation a comme conséquence de rendre poreuse la frontière entre les différentes sphères : professionnelle, personnelle, intime… En étant invité à prendre un rôle qui ne peut être le sien, le manager risque de s’installer dans une confusion de rôle, une illusion – celle d’un savoir sur l’autre - l’incitant parfois à jouer à l’apprenti sorcier. Une distorsion peut alors s’installer dans la relation entre manager et managé, entre le manager et son équipe, rendant sa fonction difficile à tenir. L’écueil est grand que le manager passe à côté de sa raison d’être : organiser et réguler les rapports sociaux dans l’organisation à partir d’un pouvoir hiérarchique ou fonctionnel délimité. Le manager est en fonction mais il doit également « faire » fonction pour que le management produise ses effets. Au rang des effets pervers de la psychologisation, la mise à l’index du management sans artifices. Il est bien des domaines dans lesquels une certaine psychologie dérive vers toujours plus de psychologisation, et est dans le même temps, instrumentalisée. A quoi et à qui profitent les techniques managériales fond de commerce de la « psy-sphère » ?

La relation managériale produit des effets psychologiques sur l’un et sur l’autre des acteurs. Et ceci est généralisable, par nature, toute relation humaine produit des effets « psy ». Ce qui ne signifie pas que la psychologie doit être aux commandes de la relation managériale. Alors, si le manager n’est pas un « psy » et que le management s’exerce sans artifice, quelles sont les pratiques et postures ? Une question à laquelle ici ou là, du sens est à redonner.

Éditorial de Philippe Bigot
février 2015