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Riz et blé…
La société moderne est sous l’ère de l’individualisme. Il n’est pas très difficile de s’en apercevoir au quotidien qu’il s’agisse d’acte banal ou de situation dramatique. La société serait-elle ainsi vouée à l’individualisme ? Pourquoi les élans collectifs restent-ils éphémères ? A quoi tient la difficulté de penser collectivement ? Une recherche menée aux États-Unis apporte des hypothèses surprenantes…
Comment n’avoir pas été touché par les mouvements spontanés qui firent suite à la barbarie ayant frappé à Paris, en ce début d’année ? Ces mouvements sont d’autant plus importants qu’on dénonce et à juste titre l’individualisme (surtout celui des autres…), l’égocentrisme, le consumérisme qui ordonne la satisfaction immédiate des désirs individuels au détriment de l’intérêt collectif. Intérêt individuel vs intérêt collectif est au cœur du sujet des travaux d’un chercheur en psychologie sociale (Université de Virginie). Il fonde sa recherche sur le postulat que la culture des céréales aurait orienté notre relation à l’autre. La principale céréale cultivée en Occident est le blé alors qu’en Asie, c’est le riz et cela depuis le Néolithique, il y a dix mille ans, période de la sédentarisation des populations. De façon générale, les sociétés Occidentales sont aujourd’hui considérées comme individualistes, là où les sociétés orientales sont elles, plus collectivistes. Le chercheur s’est employé à comparer les deux (agri)-cultures. La riziculture parce qu'inondée, suppose une forte coopération entre agriculteurs. L’eau doit circuler entre les parcelles, d’amont en aval. Ceci implique une action commune, interdépendante, pour faire que la parcelle d’un voisin ne soit drainée ou noyée. S’agissant de la culture du blé, la traction par des bêtes a facilité une culture autonome et indépendante n’ayant pas nécessité de collaboration entre agriculteurs. Voici en substance ce qui aurait conduit à instaurer des modalités relationnelles et cognitives spécifiques au sein des sociétés occidentales et orientales. L’individualisme orienterait vers une structuration de la pensée sous une forme analytique là où, le collectivisme amènerait à une pensée de forme holistique. Ainsi, si nous devons à l’agriculture de nous avoir installé dans cet individualisme que nous savons si bien dénoncer, mais pas nécessairement combattre ; nous avons à profiter pleinement de tous ces moments hors du temps, exceptionnels, dans lesquels le « collectif » et ce qui le noue, la fraternité et l’humanité, viennent se dire et laisser en chacun une marque intérieure, indélébile.
mai 2015