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Une bonne résolution

En ces tous premiers jours de janvier avez-vous annoncé vos bonnes résolutions pour 2019 ? Il va de soi qu’il ne peut s’agir que de « bonnes » résolutions car à qui viendrait-il à l’idée d’en prendre de « mauvaises » ? Le sujet peut faire sourire tant le destin de nos « bonnes » résolutions semble se jouer à l’avance. Les résolutions tiennent parfois le temps de les énoncer ou pour les plus persévérants quelques heures, jours ou semaines.

Mais le sujet est peut-être plus grave qu’il n’y parait et posons-nous franchement la question : les résolutions de la nouvelle année sont-elles réellement inoffensives ? Laissons de côté la question de savoir si les « bonnes » résolutions relèvent de la méthode d’Emile Coué fondée sur les vertus de l’auto-persuasion ou sur la pensée magique dont l’avenir reste assuré par les régressions auxquelles fausses rationalités et facilités de pensées qui saturent l’air du temps, invitent. Disons-le sans détour, sous des apparences débonnaires ou celles des bons sentiments, les « bonnes » résolutions peuvent s’avérer catastrophiques sur le plan de l’estime de soi. Songez-y, s’il n'est question que de prendre de « bonnes » résolutions c’est bien que celles-ci sont là pour corriger un défaut, une mauvaise tendance ou encore qu’il s’agît de se mettre enfin à faire ce que jusque-là, nous ne faisions pas. Bref, la « bonne » résolution ne fait que souligner en creux un défaut qui n’en demandait pas tant pour exister. Elle cherche à le faire disparaitre alors même qu’elle ne fait que lui permettre d’occuper l’espace. Plus la force de la « bonne » résolution est forte et plus le défaut devient envahissant. A regarder les choses en face, il faut bien reconnaître que dans la plupart des cas, c’est lui qui a le dernier mot. Les composantes de la tragédie alors s’organisent. C’est ce moment particulier où l’individu abandonne sa « bonne » résolution, de guerre lasse, après avoir élimé sa bonne volonté. La tragédie réside dans ce temps durant lequel l’individu s’accuse, se culpabilise et se dévalorise parce qu’il a échoué. Sa volonté n’est pas suffisante, il n’est pas même capable de tenir une résolution si « bonne » soit-elle. Une spirale de la dévalorisation va s’installer et cela bien plus longtemps que ne durent les (bonnes) résolutions. Une nouvelle résolution s’impose : abandonner les « bonnes » résolutions est assurément le meilleur moyen de préserver une bonne estime de soi pour bien débuter l’année !

Éditorial de Philippe Bigot
janvier 2019