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Il y a des trains qui arrivent à l'heure...

L’ère de l’information toute puissante est advenue. Chacun de nous peut, quasiment en temps réel, être un observateur du monde dans lequel il vit. Ceci est bien entendu formidable. Mais comment, à partir de la lecture de la presse et des journaux télévisés et radiophoniques, pouvoir conserver une confiance dans l’avenir ? La sélection de l’information qui est présentée chaque jour, est focalisée presque exclusivement, sur les malheurs bien réels, de notre monde. Combien de fois nous arrivent-ils d’éteindre TV et radio parce que nous avons atteint notre seuil de saturation ? Tenter une explicitation des causes, des raisons de ce traitement de l’information serait bien hasardeux au regard de la complexité du sujet et des multiples enjeux dont l’information fait l’objet. Donc, sans chercher à être exhaustif, je ne retiendrais qu’une question. Cette présentation de l’information centrée sur les « dysfonctionnements » du monde ne serait-elle pas (aussi) la conséquence d’une tendance bien humaine ? Paul Eluard nous disait « je vois le monde tel que je suis ». Changeons de cadre, pour intervenir dans des environnements professionnels très variés, j’observe et j’entends bien souvent cette « tendance » dans les organisations et les équipes : l’accent est mis principalement sur les problèmes, ce qui ne va pas, ce qui dysfonctionne… alors que, à l’autre bout de l’échelle, les réussites, les victoires et ce qui « marche » bien ne sont que peut exprimées voire ne sont pas reconnues comme telles. Par cette « tendance », les choses se passent comme si les problèmes étaient la norme et la règle tant ils occupent l’ensemble de l’espace perceptuel, tant ils sont généralisés prenant alors toute la place. Pour les personnes, les équipes, les succès sont peu ou pas fêtés car quoi de plus naturel et banal que de réussir…et dans le même temps de nombreuses réunions sont consacrées aux « problèmes ». Cette « tendance » n’a donc pas grand-chose à voir avec les faits mais renvoie à la sélection que nous opérons sur les faits. Apprendre ou réapprendre à porter notre regard sur ce qui marche, à attribuer de la valeur à ce qui fonctionne et à fêter les succès et le plus sûr moyen de générer de l’énergie et de maintenir l’espoir. Il ne s’agit pas d’angélisme, les faits graves ne disparaissent pas pour autant mais changer de regard sur les choses et déjà essentiel pour ensuite agir. Alors, nous pouvons aussi comptabiliser « les trains qui sont à l’heure » et cela ne sera pas sans effets sur notre perception du monde…

Éditorial de Philippe Bigot
octobre 2004