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Tous coachs... ?
Un coach bien connu déclarait il y a quelques années qu’il faudrait dans notre pays « un coach pour 50 habitants ». Le « tous coachs » finira t-il par générer 50 coachs par habitants !A n’en pas douter, le coaching est passé de l’effet de mode au phénomène social. Il trouve aujourd’hui sa place dans les organisations, développe sa spécificité au regard des modes d’intervention et d’accompagnement qui l’ont précédé. Un autre aspect se dégage de ce phénomène social : « le tous coachs… ». Ainsi, le métier de coach car nous parlons ici d’un métier, suscite de nombreuses vocations aux ressorts multiples et variés. Que ce métier apparaisse pour certains comme une solution d’emploi sur un marché difficile, pour d’autres comme la possibilité de « faire de la psychologie » convaincus de pouvoir aider leurs prochains, qu’il s’agisse de satisfaire des besoins narcissiques, d’identification…. Les motivations et « réparations » sont multiples - impossible d’en tracer une liste exhaustive - qui poussent à « l’être coach », d’autant qu’elles ne s’excluent pas les unes des autres…
Certaines proses invitent chaque citoyen à être le coach de l’autre : les parents coachent leurs enfants, et inversement ! Les managers coachent leurs réunions et leurs collaborateurs, on est invité à coacher à la moindre occasion développant l’idée que nous pouvons tous être coach. Mieux, on voit poindre la mode de « l’auto-coaching » partant probablement du principe que l’on est jamais si bien servi que par soi même ! L’auto-coaching… alors que le coaching repose fondamentalement sur une relation et un acte de la parole d’un coaché à son coach, l’auto-coaching nous ramène ainsi aux temps forts de l’introspection érigée en « psychologie », c'est-à-dire en plein XIXe siècle…autant dire que nous progressons !
Tous coach ? Il faudra donc leur dire… que le métier de coach n’a pas grand-chose à voir avec les images que véhiculent les médias et moins encore avec les projections et fantasmes qui peuvent nous habiter. La réalité est autre. Tout d’abord, il s’agit d’un métier difficile, exigeant, qui comporte pour le professionnel des gratifications et nombre de frustrations avec lesquelles il doit s’arranger. Qu’une des particularités de ce métier est de nous confronter en permanence à l’autre et à nous même et, comme tous métiers de la relation, il n’est ni facile ni « confortable ». Que pour être exercé avec professionnalisme ce métier requiert bon nombre de qualités personnelles qui elles ne « s’apprennent pas », que ces qualités se doivent d’être travaillées pour devenir des compétences. Le savoir-faire du coach est indissociable de son savoir-être. En d’autres termes, la formation du coach est importante pour qu’il accède à la professionnalité, le travail sur soi approfondi est indispensable pour être un professionnel. Pour reposer sur « des fondations » solides qui permettent d’affronter les difficultés inhérentes, ce métier se doit d’être inscrit dans une trajectoire de vie tant personnelle que professionnelle. Pas plus que nous ne pouvons tous prétendre à avoir les qualités et capacités pour devenir médecin, pilote d’avion ou comptable… tout un chacun ne possède pas les qualités pour devenir coach, ce qui bien entendu, n’enlève aucune valeur à qui que ce soit.
novembre 2004