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La loi du plus fort...

Les étudiants de « business school » apprennent que la compétition dirige le monde puisqu’elle serait dans la nature même de l’Homme. Ainsi chacun serait mû par son intérêt propre, et, nous serions naturellement portés à considérer notre semblable comme un compétiteur voire un adversaire. Cette idéologie s’est imposée comme évidence dès lors qu’elle a été essentialisée. Dans le monde végétal, les recherches récentes des scientifiques compilées avec des découvertes plus anciennes démontrent que la sélection naturelle encourage les organismes qui sont de bons partenaires, les uns pour les autres. Alors, la coopération avec les autres peut elle être plus bénéfique que la loi du plus fort ?

Une réponse positive est désormais avancée pour le monde des végétaux. Depuis quatre cents millions d’années, ils survivent grâce à des stratégies d’entraide via un réseau mycorhizien complexe résultat de l’association symbiotique entre les racines des arbres colonisés par un même champignon. Cet immense système souterrain permet aux arbres de partager des ressources nutritives et de développer une meilleure résistance. Cette symbiose comme forme de coopération a permis aux arbres de faire front même si leur devenir est désormais en danger. Après avoir résisté à la disparition des dinosaures, à l’effondrement de la biodiversité du crétacé, ils doivent désormais faire face à un défi d’une nouvelle ampleur : le réchauffement climatique dont une des caractéristiques est son extrême rapidité. Et si pour l’heure les arbres plient, ils ne rompent pas. Une partie de la communauté scientifique oscille entre les « exagérément optimistes » et les « excessivement pessimistes ». La grande majorité des scientifiques parient sur une capacité des arbres à s’adapter qui serait bien supérieure à celle des humains. La coopération pourrait-elle faire la différence ? S’il n’est possible d’avancer une réponse certaine à cette question, il apparait que la loi du plus fort qui s’exerce à l’endroit de la planète nous démontre chaque jour un peu plus, qu’elle nous entraine dans le mur. Une loi du plus fort qui sait aussi faire retentir le bruit des bottes pour nier l’existence de « l’autre ». Dès lors que nous partageons une même planète et, que nos besoins fondamentaux sont les mêmes, la coopération apparait comme l’option la plus évidente lorsqu’il s’agit de laisser vivre « le tout » et « le tous ». Dans le monde des humains, si la Loi a comme fonction de contenir « la loi du plus fort », coopérer semble bien être la meilleure force à opposer à « la loi du plus fort ».

Éditorial de Philippe Bigot
mars 2022