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A propos d’exemplarité…

Aucun ouvrage de management ne fera l’impasse sur ce sujet : les managers et dirigeants doivent incarner les valeurs qu’ils énoncent et plus encore, celles qu’ils imposent à leurs équipes. C’est là comme une évidence, il ne saurait y avoir d’écart entre les valeurs annoncées et les valeurs manifestées. Et pourtant…

Dans les faits, les choses deviennent plus complexes que le seul énoncé de principe. La question n’est bien entendu pas de savoir si l’on doit prendre position pour ou contre ce principe. La cohérence entre valeurs et actions entraîne vite de fâcheuses conséquences lorsqu’elle fait défaut. Mais de l’exemplaire à l’irréprochable, il y a un pas qui peut rapidement être franchi. Le manager exemplaire ne serait-il pas celui qui serait conscient de ses possibilités autant que de ses limites ? Loin des manuels de management, l’exemplarité relève d’une expérience indissociable d’une connaissance de soi suffisante. C’est sur la base de cette connaissance d’eux-mêmes que managers et dirigeants pourront incarner leur discours et leurs valeurs. L’exemplarité implique également une compréhension fine de son rôle qu’il s’agisse de manager ou de diriger dans des environnements mouvants et à la complexité croissante. L’exemplarité engage tout autant la capacité à entraîner les équipes, à les fédérer en montrant les perspectives. L’exemplarité, c’est dire que l’on a besoin des autres pour faire avec eux. Elle n’est pas un savoir-faire personnel mais un processus social qui met en jeu des situations et des individus. Elle n’est pas une qualité d’être qui diviserait en deux catégories, les exemplaires et les autres. Manager et diriger supposent de consentir à agir à partir de soi, de l’expérience que l’on a de soi ; l’exemplarité vient aussi se loger là. La vigilance est de tous les instants pour ne pas amalgamer exemplarité et perfection ; encourager l’exemplarité invite dans le même temps à renoncer à l’irréprochabilité.

Éditorial de Philippe Bigot
juillet 2017