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Le nouveau meilleur ami de l’homme…

Les animaux n’ont qu’à bien se tenir ! L’algorithme est en passe de devenir le meilleur ami de l’homme. Nous avons aimé les premières générations grâce auxquelles par exemple, il n’est plus possible de se perdre dans une ville. Que seraient nos existences sans GPS ? Nous allons c’est sûr adorer les algorithmes de dernière génération…

L’algorithme nouveau sait désormais apprendre. Ils savent de mieux en mieux incorporer des données et s’en servir pour anticiper ce qu’ils nous supposent comme choix. Impossible de visiter certains sites sans voir apparaître dans nos navigations web suivantes des offres sur ce que nous avions consulté la veille ou l’avant-veille. Mieux, les propositions portent aussi sur des produits associés dont nous pourrions – en toute logique - avoir besoin. Voilà que l’algorithme se fait prédictif selon une logique entièrement déterminée par nos comportements numériques scrutés et enregistrés dans nos recherches ou celles des autres pour vous offrir des signifiants associés à ceux saisis dans les moteurs de recherche. Avec le « deep learning » les chercheurs développent depuis quelques années des algorithmes qui « vivent » en toute autonomie. Ils sont en capacité de déterminer eux-mêmes des combinatoires possibles entre des données auxquelles ils ont accès. C’est ainsi que machines ou robots se dotent de « l’intelligence artificielle » ; c’est-à-dire un mode de captation de la réalité propre au système. Google sait développer des algorithmes qui peuvent modéliser la physiologie et la simulation informatique des organes en bio-informatique, reconnaître automatiquement la parole, proposer des solutions à des problèmes et même des décisions prêtes à l’emploi dans nombre de situations de la vie quotidienne. Les premiers véhicules sans chauffeurs roulent et les villes connectées qui baliseront nos trajets sont pour demain.

L’évidence est imparable, les algorithmes ne « savent » pas ce qu’ils apprennent. Se pose alors la question de la profondeur de leurs apprentissages et fait s’interroger sur les limites de ce qui apparaît déjà comme une menace pour des spécialistes transformés en Cassandre. Avec l’algorithme nouveau, les fantasmes les plus classiques de la science-fiction revêtent les apparences d’une réalité possible. Un prophétisme ragaillardit d’une numérisation annoncée de l’humanité dès lors que les algorithmes qui alimenteront les machines du futur en prendront le contrôle et échapperont à l’homme. Un Golem numérique qui pourrait se retourner contre son créateur devenant une figure renouvelée de ce que l’Autre recèle de menaçant.

Éditorial de Philippe Bigot
octobre 2017