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Les appels d'offre sur les risques psychosociaux continuent de fleurir, en particulier dans le secteur public. On recherche désespérément le mouton à 5 pattes qui pourra faire un diagnostic, établir des préconisations, définir des priorités, faire un plan de communication interne et externe, établir des indicateurs de suivi et inscrire le tout dans le Document Unique ! Le package en somme...

En option les questionnaires divers et variés pour prendre la température et pour les 5 étoiles l'assurance qui vous prémunit du risque. Pour candidater il faudra montrer patte blanche avec un background de cultures gestionnaire, organisationnelle, financière, juridique, de santé au travail, managériale, ressources humaines, etc. Partisans des logiques participatives, s'abstenir, il ne s'agit pas de réveiller l'eau qui dort. Le « soft » est de mise pour lisser un projet présentable et sans risques. Côté acteurs, la stratégie minimaliste s'impose, laissons les partenaires sociaux à leurs préoccupations ils ont déjà tant à faire. La petite équipe commando est bienvenue, resserrée autour du DRH ou du Directeur Général des Services. Eux ils étudient et valident. Si notre mouton à 5 pattes sortait des chemins de traverse, on lui rappellera que dans le cahier des charges il était précisé que le « client » se réserve la possibilité d'arrêter l'exécution des prestations sans que cette interruption donne lieu à indemnité. Au fait, à quoi ça sert un plan de prévention des risques psychosociaux dans de telles conditions ? J'ai du faire un mauvais cauchemar, tout cela n'est pas possible bien sûr dans note si beau pays. Imaginons une démarche préventive avec les acteurs clés : représentants des différents niveaux hiérarchiques, responsables ressources humaines, représentants des partenaires sociaux, assistante sociale, médecins de prévention, responsable de l'hygiène et de la sécurité, psychologues du travail (s'ils sont présents), nous avons là les bases structurantes d'un comité de pilotage. Ce comité peut se doter de règles de fonctionnement pour préserver la confidentialité des propos échangés et des situations évoquées et définir un plan de charge. La phase point bilan préalable est déterminante pour identifier d'où l'on part. Les bilans d'activité du médecin de prévention et de l'assistante sociale sont des outils précieux conjugués au bilan social de l'établissement (pour le secteur public) ; il s'agira d'avoir une photographie qui prenne en compte les actions déjà engagées et les éventuels résultats obtenus, afin d'identifier les points forts et les points sensibles. L'intervenant extérieur pourra faciliter le travail collaboratif au sein du comité de pilotage, par l'appui méthodologique et diagnostic, en aucun cas il ne se substituera aux acteurs en place. Chaque plan de prévention des risques psychosociaux a sa singularité, en fonction de l'état des cultures internes. Essayons d'éviter les plaquages théoriques ou méthodologiques, appuyons-nous sur les forces en présence, sans diabolisation, ni victimisation. Conjuguons ambitions partagées et humilité afin de privilégier des actions d'ajustement qui valorisent les potentialités existantes. Procédons par des phases pilote là où l'adhésion à la démarche est assurée, quand des résistances se font jour. Communiquons régulièrement via les outils de communication interne existants, pour faire savoir, convaincre et faire agir. Ne soyons pas avare de communication de proximité et de pédagogie, pour éviter les malentendus et gagner en visibilité de la démarche engagée, des chemins parcourus et des routes à tracer. Alors l'ancrage sur le moyen et le long terme aura des chances de porter ses fruits.

Éditorial de Christian Lujan
mai 2010