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Coaching à la dérive...

Quel métier, quelle pratique professionnelle n’aurait pas leurs dérives ? S’agissant du coaching, nous savons combien les médias se font les gorges chaudes des dérives, en prenant invariablement les mêmes exemples de gourous délirants. Dans ce cas, il s’agit moins de dérive que de déviance. Une nuance qui échappe, un amalgame qui n’est en rien une contribution propre à éclairer tant les professionnels que les clients du coaching. Il semble que quatre risques guettent le coaching et ses pratiques, quatre dérives possibles…

La dérive thérapeutique est d’une certaine façon la mieux connue, sans nécessairement être la plus identifiée dans la pratique. Elle peut résulter d’une demande de thérapie masquée en demande de coaching, d’un cadre d’intervention pas suffisamment explicite, d’un professionnel qui repère mal le champ de son intervention… ce risque de dérive est d’autant plus évident que les pratiques déployées en coaching sont issues du champ de la psychothérapie ! La dérive fonctionnaliste est d’un autre ordre. C’est le risque induit par une focalisation excessive sur la performance, la gestion de soi. La prévalence est alors donnée au résultat autant qu’au conditionnement de la personne vers les résultats attendus…ici, grilles de lecture, outils d’analyse, classifications et diagnostics trouvent leur plénitude…Celui qui disparaît, dans cette dérive, c’est le sujet – le coaché ! La dérive magique prend en quelque sorte le contre-pied de la précédente. En gros, il suffit de croire et vouloir très fort le changement pour qu’il se produise. Pour accélérer un peu l’arrivée du changement, le coaché devra s’astreindre, avec application, à quelques rituels ! La bonne volonté faisant le reste… Enfin, la dérive comportementaliste, celle qui consiste à simplifier à outrance ce qui relève de la complexité. Ici la transparence est de mise, tout peut se voir, se dire, il n’existe que ce qui est observable. L’enjeu c’est l’adaptation, un sujet adapté est un sujet heureux, c’est bien connu ! En faisant un pas de plus, on peut repérer « à grand trait » qu’un fantasme habite chacune de ses dérives : le « sauveur », la « perfection », la « toute puissance », la « maîtrise ». C’est bien parce qu’aucun coach n’est définitivement à l’abri d’une dérive que le « travail sur soi » et la « supervision » ne sont pas des leitmotiv… 

Éditorial de Philippe Bigot
décembre 2006