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Devenir coach... et le rester

D’aucun  affirmait qu’il faudrait dans notre pays « un coach pour 50 habitants ». Gageons qu’avec de telles formules ce ne soit pas l’inverse qui se produise… ! A n’en pas douter, le coaching est devenu un phénomène social. Il trouve aujourd’hui sa place dans les organisations de travail, développe sa spécificité au regard des autres modes d’intervention et d’accompagnement. Et, le coaching n’est pas sans susciter de nombreuses vocations aux ressorts multiples et variés.

Comment et pourquoi devient-on coach ? Que signifie pour un sujet d’accompagner – durant un temps - un autre sujet ? De l’écouter, de l’inviter à « une mise au travail ». Le « devenir coach » suppose alors d’éclairer la question, non pas une fois pour toute, mais régulièrement, dans les aller retour de la réflexivité du praticien.

« Devenir coach… et le rester ». L’intitulé comporte trois éléments, et, un quatrième dont l’absence révèle la présence, en creux. Le quatrième terme, très en vogue, et dont l’absence ne relève pas d’un oubli, c’est « être ». « Etre coach », l’expression ne manque pas de panache, on peut même la supposer flatteuse tant les messages marketing en usent. Le « je suis coach » serait donc  tendance, mais de quelle « tendance » s’agit-il pour celui qui l’énonce ? Sujet de l’énoncé et sujet de l’énonciation ne peuvent se superposer… Le « manque à dire » est irréductible faisant miroir en cela au « manque à être » avec lequel chacun doit bien s’arranger. Il ne peut y avoir « d’être coach » pour la bonne raison que ce n’est pas d’un « être » dont il s’agit mais d’une fonction. Une fonction qui se produit du discours du coaché, fonction symbolique qui se faufile entre réalité, réel et imaginaire. Une fonction qui opère dans un dispositif  - de coaching - lui-même inscrit dans un environnement qui produit des effets de signification. « Rester coach » implique pour ce dernier de ne pas se prendre pour le costume qu’il porte ! L’ombre projetée de l’objet peut orienter vers la fascination, la captation en particulier lorsque l’ombre est prise pour l’objet lui-même, c’est alors l’illusion de l’objet qui se transforme en objet de l’illusion. Ceci engage le professionnel à interroger son désir, à mettre au travail ses positions imaginaires, à renoncer à quelques fantasmes. « Devenir coach » et … « le rester » ce n’est surement pas la même chose puisque ce n’est pas du même « désir » qu’il s’agit. Le passage d’un désir à l’autre demande des suspensions (des points de…), des éclairages que l’expérience et le travail de réflexivité du coach construisent patiemment.
Éditorial de Philippe Bigot
avril 2008